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Commémoration du 250e de la bataille des plaines d'Abraham - PC

Yrys

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Site web de la Commission des champs de batailles nationaux :
Bienvenue sur les plaines d'Abraham/Welcome to the Plains of Abraham

Activités de commémoration : Québec, ville assiégée, Du 30 juillet au 2 août,
Gratuit


Article :

À la mémoire d'Abraham, François Bourque, Le Soleil, 20 janvier

(Québec) Commémorer les 250 ans de la bataille des plaines d'Abraham, symbole
de défaite pour les francophones d'Amérique, est un projet délicat, pour ne pas
dire explosif.

Ceux qui se sont indignés de voir Ottawa jouer avec les symboles lors des Fêtes
du 400e ne seront pas rassurés de savoir qu'une société d'État fédérale veut célébrer
la conquête de 1759. Même Jean Charest a pris ses distances et annonce déjà qu'il
n'assistera pas à la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham l'été prochain.

La Commission des champs de bataille souhaitait en faire «l'événement de l'été 2009 à
Québec». Le site Internet parle encore d'un «rassemblement historique et spectaculaire»
de plus de 2000 figurants. Elle ne pouvait imaginer laisser filer 2009 sans rien faire et
avait accepté volontiers d'accueillir sur les Plaines des groupes spécialisés dans la
reconstitution de batailles historiques.

On commémore Waterloo, pourquoi pas la bataille des plaines d'Abraham? se disait
le président de la Commission, André Juneau. La crainte d'une controverse incite
aujourd'hui la Commission à réfléchir. «Les gens sont frileux», constate M. Juneau.
Il va donc consulter, entendre des historiens et prendra une décision finale d'ici la
mi-février. «Si cela pose un problème majeur, on n'en sera pas l'artisan», prévient-il.

M. Juneau savait qu'il y aurait des «sensibilités» car ce n'est «pas une belle victoire».
Mais il aurait cru qu'après 250 ans, les esprits se seraient calmés et pensait même que
ce pouvait être «positif». Moi aussi. Je trouverais dommage que Québec renonce à une
page d'histoire par crainte des tourmentes politiques. «Il faut savoir d'où on vient»,
rappelle l'historien et ex-ministre péquiste Denis Vaugeois, dont les convictions nationalistes
ne peuvent certainement pas être mises en doute. Il souhaite que la reconstitution de la
bataille des Plaines puisse avoir lieu. Au moins une quinzaine d'autres événements rappelant
1759 sont d'ailleurs prévus à Québec cette année, notamment au Musée de la civilisation et
au Musée national des beaux-arts.

On a parfois reproché au 400e d'avoir beaucoup fêté et peu parlé d'histoire. Voilà
une belle occasion pour l'histoire de prendre sa revanche. Il suffira de faire attention
aux mots. On évitera de parler de fêtes ou de célébrations. Même commémoration est
un peu limite. Un rappel historique de la bataille des plaines d'Abraham. Ça vous irait si
on disait un rappel?

On pourra profiter de cette année 2009 pour se souvenir qu'il n'y a pas eu une mais deux
batailles des plaines d'Abraham : celle de septembre 1759, gagnée en 20 minutes par les
troupes de Wolfe. Puis la revanche d'avril 1760, gagnée par Lévis, habituellement décrite
comme la bataille de Sainte-Foy mais dont les combats ont eu lieu aussi sur les Plaines.
C'était donc match égal : Anglais 1, Français 1.

Ce n'est que plus tard, après la capitulation de Montréal et de Trois-Rivières, que le sort
de la France en Amérique a été scellé. Le traité de Paris en 1763 allait mettre fin à la
guerre des Sept ans entre la France et l'Angleterre. La France a alors eu le choix : garder
sa colonie coûteuse du nord où on mourait de faim, de froid et de scorbut; ou garder ses
colonies des Antilles. Elle a choisi le sucre et le soleil. Vous auriez fait quoi, vous?

Depuis quelques jours, on a beaucoup parlé d'Abraham. Celui d'une autre bataille, plus
grande sans doute : l'Amérique contre l'esclavage. On a parlé d'Abraham Lincoln, du train
qu'il a pris à Philadelphie, de son repas le jour de l'inauguration et du vin de Madère qu'on
y servit. Parlé de sa contribution à la grande et à la petite histoire du jour où il devint
président, comme s'il s'était agi d'un rituel religieux.

Devant le mémorial d'Abraham Lincoln à Washington, on a rappelé ses discours et ceux de
Kennedy, de Martin Luther King, de Roosevelt. On a mis en scène l'arrivée de Barack Obama
en remuant les lieux, les symboles, les héros et les clins d'oeil à l'histoire.

Ce qui m'a frappé, c'est combien, justement, l'histoire semble avoir chez nos voisins
ce pouvoir d'émouvoir et de rassembler. Ici, c'est un peu plus compliqué.
 
Bataille des Plaines: pas question de passer à côté, dit la Commission, La Presse Canadienne, 23 janvier

Même si «les Français y ont mangé une moyenne claque», la célèbre bataille des plaines d'Abraham
doit être commémorée en 2009, croit l'organisme fédéral chargé de souligner le 250e anniversaire
de l'affrontement historique.

En dépit des critiques, la Commission des champs de bataille nationaux demeure déterminée
à présenter l'été prochain une reconstitution de la bataille, au cours de laquelle 2000 à 3000
figurants incarneront les troupes de Louis-Joseph de Montcalm et de James Wolfe sur les lieux
même de la débâcle française. «Les historiens nous disent qu'on ne peut pas passer à côté de
la bataille des Plaines parce que dans l'histoire de l'Amérique et de l'Europe, elle s'inscrit
comme l'une des batailles majeures», a affirmé vendredi le président de la Commission,
André Juneau, lors d'un entretien accordé à La Presse Canadienne.

Plusieurs voix s'élèvent cependant contre ce projet de reconstitution de l'histoire. Nombre de
nationalistes jugent inacceptable de «célébrer» la défaite de la Nouvelle-France aux mains des
Anglais. Le Réseau de résistance du Québécois, un regroupement d'indépendantistes, promet
«une grande manifestation» l'été prochain à Québec pour perturber les activités de
commémoration. «C'est de la propagande fédérale», a fulminé le vice-président du RRQ,
Pierre-Luc Bégin.

Le président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, partage la même indignation.
«Il est aussi illogique de demander au peuple québécois de commémorer la pire défaite de son
histoire que de demander au peuple français d'en faire autant pour souligner leur défaite contre
l'Allemagne nazie (en 1940)», a-t-il argué dans un communiqué.

Mais pour le président de la Commission des champs de batailles nationaux, les Québécois sont
parfaitement en mesure de faire face à leur histoire. «Je suis conscient qu'on a mangé une
moyenne claque en 1759, en 1760 puis en 1763, mais on s'est relevé de ça, après 250 ans»,
a fait valoir M. Juneau.
 
Bataille des Plaines: «C'est notre histoire, que ça plaise ou non», dit Éric Caire, Michel Corbeil, Le Soleil, 23 janvier

(Québec) Pour le député adéquiste Éric Caire, il est tout à fait naturel de commémorer les 250 ans
de la bataille qui a fait de la Nouvelle-France une colonie britannique. «Je m'excuse, mais ç'a existé,
la bataille des plaines d'Abraham. Wolfe a gagné. Montcalm a perdu. C'est notre histoire que ça plaise
ou non», a-t-il lancé, jeudi, en point de presse, à Québec.

L'élu représentant La Peltrie à l'Assemblée nationale ne voit pas «pourquoi on occulterait un pan
de notre histoire, sous prétexte que cette période ne fait pas notre affaire». Il a fait valoir que
la France «commémore la bataille de Waterloo. Savez-vous qu'en Allemagne, il y a un camp
de concentration à Dachau qui est ouvert aux touristes et qui est financé en grande partie par
la communauté juive?»

Depuis quelques jours, la ministre fédérale Josée Verner, qui entend assister à la reconstitution
de la bataille qui aura lieu le 13 septembre, et la députée péquiste Agnès Maltais, qui n'a pas du
tout l'intention de le faire même si l'événement sera «une leçon de pédagogie sur notre courage»,
s'échangent des reproches.

Éric Caire a fait savoir ce qu'il en pense. «C'est des enfantillages. Ce n'est pas de nature» à redorer
le «blason de la classe politique».

«Mentalité de colonisés»

Selon lui, que l'affrontement militaire se soit traduit par une défaite française ne change pas
le fait que «ça fait partie de notre histoire, de notre identité. Il faut vraiment avoir une mentalité
de colonisés pour se sentir attaqués par ça», a dit le député qui assistera à la reconstitution de
la bataille, si son agenda le permet.

Devant les journalistes, le député péquiste Bernard Drainville, lui, s'est dit «très mal à l'aise
de commémorer la défaite de notre peuple. Je ne vois pas en quoi on devrait célébrer la défaite
des forces françaises face aux armées britanniques. «Nous sommes des souverainistes,
des indépendantistes», a-t-il tenu à rappeler au sujet du Parti québécois. «Parce que nous
pensons qu'il faut, en quelque part, corriger ce fait historique. Alors, l'indépendance sera une façon,
comment dire, de mettre un point final à cette expérience, à cet événement de l'histoire.»

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, s'est montré prudent, lorsqu'interrogé sur le sujet.
«Je ne serai pas à l'événement, a répondu celui qui est député libéral de Jean-Talon. Je ne
pense pas qu'il y a lieu de commémorer l'événement en tant que tel.»
 
La commémoration de la bataille des plaines d'Abraham sème la zizanie, La Presse Canadienne 23 janvier

Même si «les Français y ont mangé une moyenne claque», la célèbre bataille des plaines d'Abraham
doit être commémorée en 2009, croit l'organisme fédéral chargé de souligner le 250e anniversaire
de l'affrontement historique.

En dépit des critiques, la Commission des champs de bataille nationaux demeure déterminée à
présenter l'été prochain une reconstitution de la bataille, au cours de laquelle 2000 à 3000 figurants
incarneront les troupes de Louis-Joseph de Montcalm et de James Wolfe sur les lieux même de la
débâcle française.

«Les historiens nous disent qu'on ne peut pas passer à côté de la bataille des Plaines parce que dans
l'histoire de l'Amérique et de l'Europe, elle s'inscrit comme l'une des batailles majeures», a affirmé
vendredi le président de la Commission, André Juneau, lors d'un entretien accordé à La Presse
Canadienne.

Plusieurs voix s'élèvent cependant contre ce projet de reconstitution de l'histoire. Nombre de nationalistes
jugent inacceptable de «célébrer» la défaite de la Nouvelle-France aux mains des Anglais. Le Réseau de
résistance du Québécois, un regroupement d'indépendantistes, promet «une grande manifestation» l'été
prochain à Québec pour perturber les activités de commémoration. «C'est de la propagande fédérale»,
a fulminé le vice-président du RRQ, Pierre-Luc Bégin.

Le président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, partage la même indignation.
«Il est aussi illogique de demander au peuple québécois de commémorer la pire défaite de son histoire
que de demander au peuple français d'en faire autant pour souligner leur défaite contre l'Allemagne nazie
(en 1940)», a-t-il argué dans un communiqué.

Mais pour le président de la Commission des champs de batailles nationaux, les Québécois sont parfaitement
en mesure de faire face à leur histoire. «Je suis conscient qu'on a mangé une moyenne claque en 1759, en
1760 puis en 1763, mais on s'est relevé de ça, après 250 ans», a fait valoir M. Juneau.


La commémoration sème la zizanie, a Presse Canadienne, 23 janvier

...

Plusieurs voix s'élèvent cependant contre ce projet de reconstitution de l'histoire «en temps réel».
Nombre de nationalistes jugent inacceptable de «célébrer» la défaite de la Nouvelle-France aux
mains des Anglais. Le Réseau de résistance du Québécois, un regroupement d'indépendantistes,
promet «une grande manifestation» l'été prochain à Québec pour perturber l'activité. «C'est de la
propagande fédérale», soutient le vice-président du RRQ, Pierre-Luc Bégin.


A son avis, le dépliant publicitaire annonçant la bataille reconstituée témoigne à lui seul de la version
historique tronquée et fantaisiste adoptée par l'organisme fédéral. On y voit la photo des descendants
de Wolfe et de Montcalm, en costume d'époque, se serrer chaleureusement la main, tout sourire, leurs
troupes respectives en fond de scène.

«C'est comme si il n'y avait pas eu de bataille, pas de conflit et qu'on est tous des petits amis», s'indigne M. Bégin.

Le président de la Commission reconnaît que des gens ont pu conclure, à tort, que «l'on célébrait la bataille
dans l'allégresse». «Nous avons fait une erreur (...) nous n'étions pas prêts à présenter tout le contexte»,
a concédé M. Juneau, ajoutant qu'une nouvelle mise en marché de l'activité est cours de réalisation.

De fait, il ne s'agit pas de «célébrer» la bataille mais «de raconter une page d'histoire avec rigueur»,
a-t-il insisté, convaincu que les Québécois ont apprivoisé leur passé. «Je suis conscient qu'on a mangé
une moyenne claque en 1759, en 1760 puis en 1763, mais on s'est relevé de ça, après 250 ans»,
a dit M. Juneau.


Quoi qu'il en soit, la Centrale des syndicats du Québec partage la même indignation que les indépendantistes.
La France ne célèbre pas la victoire de l'Allemagne hitlérienne sur son territoire, a soulevé le président de la
centrale, Réjean Parent.

«Il est aussi illogique de demander au peuple québécois de commémorer la pire défaite de son histoire que
de demander au peuple français d'en faire autant pour souligner leur défaite contre l'Allemagne nazie (en 1940)»,
a argué M. Parent dans un communiqué.


Soucieux de ne pas alimenter la controverse, le premier ministre Jean Charest a pour sa part vite fait de
se dissocier du projet concocté par l'agence fédérale. Dès la semaine dernière, M. Charest a indiqué qu'il
n'assisterait pas à la reconstitution de la bataille. «Ce n'est pas une activité organisée par le gouvernement
du Québec», s'est-on empressé de préciser au bureau de M. Charest.

Des trois principaux partis politiques représentés à l'Assemblée nationale, seule l'Action démocratique
a exprimé un point de vue favorable à l'événement.

Plus encore, le député Eric Caire a reproché à ceux qui répugnent à l'idée d'assister à une reconstitution
de la défaite française de se comporter en «colonisés».
 
La bataille des Plaines, André Pratte, La Presse

Des voix se sont élevées contre la décision de la Commission des champs de bataille nationaux
de souligner le 250e anniversaire de la bataille des Plaines d'Abraham. Des députés péquistes
et notre collègue Lysiane Gagnon (dans La Presse d'hier) soutiennent qu'on n'a pas à célébrer
la défaite des Français. Le «Réseau de résistance du Québécois» a sommé la Commission
d'abandonner son projet de «répugnante opération de propagande fédéraliste».

Rien dans le programme annoncé par l'organisme fédéral ne laisse penser qu'il s'agit de fêter
la victoire de Wolfe. Le calendrier met l'accent sur des activités de nature politiquement neutre
et pédagogique. Cela étant, faudrait-il passer sous silence cet anniversaire, alors même qu'on
déplore la piètre connaissance qu'ont les Québécois de leur histoire?

Ces protestations sont inspirées par un fantasme, l'illusion selon laquelle si Montcalm avait
gagné, le Canada serait nécessairement devenu un pays indépendant et français. Rien n'est
moins sûr. Comme l'ont souligné nombre d'historiens, la défaite de Montcalm est davantage
la conséquence de l'affaiblissement de la présence française en Amérique que sa cause. À
l'époque de la Conquête, la population de l'Amérique anglaise est 20 fois plus importante que
celle de l'Amérique française. Le destin en a déjà décidé: l'Amérique du Nord sera
essentiellement anglaise.

Le refus de commémorer la bataille des Plaines est également révélateur du déni de notre héritage
britannique. Cet héritage fait pourtant partie intégrante de ce que sont les Québécois d'aujourd'hui.
Notre culture, nos institutions, notre économie portent la marque de la coexistence de nos deux
peuples. Refuser de l'admettre, c'est occulter ce que nous sommes au profit d'un mythe, au profit
d'une cause.

S'il fallait ranger au grenier de l'histoire tout ce qui nous rappelle la Conquête, on fermerait le parc
des Champs-de-Bataille et y érigerait des condos; on raserait les Fortifications; personne ne voudrait
reconstruire le Manège militaire de Québec; on changerait tous les noms de lieux à consonance
anglaise ; on expulserait les anglophones du Québec.

On ne s'étonne pas de voir des indépendantistes provoquer un scandale avec une broutille, ils soufflent
sur la voile de leur option. Cependant, il est désolant d'entendre le premier ministre Charest se dissocier
de l'initiative de la Commission et s'écraser encore une fois devant le discours souverainiste. Lui, Jean
Charest, qui a longtemps rêvé d'être premier ministre du Canada; lui dont la mère était d'origine
irlandaise; lui dont une partie significative de l'électorat est anglophone. Quelle faiblesse!

Il a fallu un député adéquiste, Éric Caire, pour faire la part des choses, à l'instar de tous ces Québécois
francophones qui ont suffisamment confiance en eux pour ne pas grimper dans les rideaux à chaque
mention de Wolfe ou de McCartney. La bataille des Plaines d'Abraham, a dit le député de La Peltrie,
«fait partie de notre histoire, de notre identité. Il faut vraiment avoir une mentalité de colonisés pour
se sentir attaqués par ça».

Lors d'une cérémonie à l'occasion du 60e anniversaire du débarquement de Normandie, le président
français, Jacques Chirac, déclarait au chancelier allemand Helmut Kohl, qui était à ses côtés pour
l'occasion: «Il n'est pas de conflit, fût-il douloureux et profond, qui ne puisse un jour laisser place
au dialogue et à l'entente.»

Si la France et l'Allemagne peuvent commémorer côte à côte les événements marquants de la Seconde
Guerre mondiale, comment expliquer que les Québécois de diverses origines et opinions ne puissent
faire de même pour leur histoire commune?
 
Fête ou commémoration?

Le projet de reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham, cet été, à Québec,
250 ans après l'événement, continue d'alimenter la controverse.

Pour le cinéaste Pierre Falardeau, cette reconstitution n'a pas sa raison d'être:
« Nulle part sur la planète, il y a des peuples qui fêtent leur défaite; c'est
incompréhensible, c'est inadmissible. »

Il en veut particulièrement au caractère festif que prendra l'événement. En effet,
sur le site web de la Commission des champs de bataille nationaux, l'organisme
fédéral derrière la reconstitution parle de commémorer l'événement en organisant
notamment une croisière et un bal masqué.

« Il faut revenir là-dessus, c'est l'acte de fondation de notre malheur! Il faut réfléchir,
analyser. Mais transformer ça en party organisé par le fédéral, c'est pas pareil
pantoute », a-t-il déclaré en entrevue à la Presse canadienne. Le cinéaste laisse même
entendre qu'il perturbera les célébrations, si elles ont lieu, avec l'aide du Réseau de
résistance du Québec (RRQ): « Y'en aura pas de party, on va leur organiser ça ben nice.
On a six mois pour s'organiser, ça va être laid ».

Pas une fête, dit Josée Verner

Pour sa part, la ministre fédérale des Affaires intergouvernementales, Josée Verner,
s'est une fois de plus portée à la défense, vendredi, de la commémoration projetée.
Selon elle, cet événement ne se déroulera pas dans un cadre festif, ni politique.

Elle a en outre déclaré qu'elle ne plierait pas devant les menaces du cinéaste:
« Je vais dire une chose à Pierre Falardeau: s'il veut venir faire ce genre de choses
à Québec, qu'il reste donc chez lui. On n'a pas besoin de lui. » La ministre ajoute
qu'elle assistera à la reconstitution, si elle est disponible.

Ce n'est toutefois pas le cas du ministre Christian Paradis, lieutenant politique de
Stephen Harper au Québec, qui a déclaré vendredi qu'il n'assistera « carrément pas »
à l'événement. Interrogé sur les intentions de Pierre Falardeau, il a déclaré que
« ce n'est pas à moi de dire aux gens s'ils ont le droit de se mobiliser ou pas ».

Un devoir de mémoire, selon Denis Coderre

De son côté, le député libéral fédéral Denis Coderre n'exclut pas la possibilité d'assister
à la controversée reconstitution. Le lieutenant du chef Michael Ignatieff au Québec précise
toutefois qu'il pourrait se rendre sur les lieux en tant que « touriste » et non à titre de
politicien. L'événement, soutient-il aussi, ne doit pas être politisé.

« Ce n'est pas une fête de la défaite, c'est un devoir de mémoire. S'il y a des événements
dans notre vie qui ne font pas notre affaire, on ne doit pas les effacer, on doit apprendre d'eux »,
a commenté M. Coderre. Pour lui non plus, l'événement ne peut être assimilé à une célébration.

Des absents au Québec

Au Québec, le ministre québécois responsable de la Capitale nationale, Sam Hamad, a déclaré
vendredi qu'il ne se présentera pas à l'événement, « parce que je choisis de ne pas être là,
c'est tout ».

Le premier ministre Jean Charest a déjà annoncé qu'il n'assisterait pas à l'événement.

Le président de la Commission des champs de bataille nationaux est présentement en période
de consultation. Il n'exclut pas des changements à la programmation. Il fera connaître sa décision
au cours des prochains jours.

Radio-Canada.ca avec Presse canadienne
 
Refaire ses devoirs sur les plaines d'Abraham

Le président de la Commission des champs de bataille nationaux reconnaît que
l'organisme devra revoir l'approche choisie pour souligner l'anniversaire de la
bataille des plaines d'Abraham.

Dans une entrevue au quotidien Le Soleil de Québec, André Juneau affirme qu'il
n'est pas question de fêter la défaite des Français contre les Anglais. Il dit que
les mots choisis ne sont pas les bons et que la bataille des plaines n'est pas
un événement festif


M. Juneau maintient toutefois qu'il est important d'informer les Québécois sur cet
événement historique qui a mis fin à la guerre de Sept ans le 13 septembre 1759.
André Juneau répète que « l'angle choisi » pour commémorer la fin de la guerre de
Sept ans pouvait sous-entendre qu'il y aurait des célébrations, mais que cela n'avait
pas sa place. Selon lui, c'est l'empressement à réaliser les imprimés et les éléments
de communication avant le congé des Fêtes qui explique le faux pas.

La Commission des champs de bataille nationaux retournera donc en comité avec des
historiens de l'Université Laval pour discuter des activités entourant l'anniversaire.

André Juneau admet qu'il faut revoir la formule, mais il n'est pas question d'annuler les
commémorations, comme le réclament les jeunes membres du Bloc québécois. M. Juneau
rappelle qu'une trentaine d'autres organismes préparent des activités un peu partout.

S'exprimant sur la question de la reconstitution du siège de Québec, André Juneau admet
que le but premier est de transmettre de l'information et non de faire un spectacle.

« Une provocation du gouvernement canadien »

À l'instar des jeunes bloquistes, l'organisme Impératif français et la Société Saint-Jean-Baptiste
continuent de réclamer le retrait complet du gouvernement fédéral de ce délicat dossier. Selon
Jean-Paul Perreault, président d'Impératif français, il s'agit tout bonnement d'une provocation
du gouvernement canadien à l'endroit des Québécois et des francophones d'Amérique du Nord.
Il ne demande rien de moins que l'annulation de toute forme de commémoration. Les
organisateurs se comportent comme des « prédateurs culturels » en voulant faire revivre aux
Québécois un événement qui fut historiquement pénible, croit Jean-Pierre Perreault. Il va jusqu'à
réclamer des excuses publiques du premier ministre Stephen Harper, de la ministre responsable
de la région de Québec Josée Verner, et du ministre responsable du Patrimoine canadien James Moore.

Le président de la Société Saint-Jean-Baptiste, Mario Beaulieu, demande pour sa part au
gouvernement fédéral de transférer les subventions à Québec qui pourra ensuite décider
s'il est approprié ou non d'organiser une quelconque activité.

Le gouvernement canadien n'oserait jamais reconstituer une bataille contre les Autochtones,
croit-il. Il rappelle que la bataille des plaines d'Abraham a donné lieu à une défaite sanglante
des Français et à 250 ans de répression.

Radio-Canada.ca avec Presse canadienne et Le Soleil de Québec

 
Bataille des Plaines: à majorité souverainistes, les Canonniers déçus de la controverse

(Québec) Le président de la Compagnie de canonniers-bombardiers de Québec (CCBQ),
dont la majorité des membres sont souverainistes, est déçu de voir le Bloc québécois et
des organismes comme le Réseau de résistance du Québécois (RRQ) s'opposer à la
reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham à laquelle la CCBQ prendra part à l'été.

«Notre organisme est apolitique, mais la majorité de nos membres sont souverainistes.
D'ailleurs, l'une de nos missions est justement de faire la promotion du fait français en
Amérique. Moi-même, je n'ai pas peur de le dire, je suis souverainiste et je suis de gauche»,
lance d'entrée de jeu François Gagnon, président de cet organisme sans but lucratif spécialisé
dans les reconstitutions historiques.

«En tant qu'indépendantiste, en tant que souverainiste et en tant que Québécois, je suis déçu
de cette réaction négative, car la reconstitution historique est l'un des moyens que j'utilise pour
exprimer ma fierté envers mes ancêtres», explique celui qui participe depuis 2004 aux
reconstitutions des batailles de la guerre de Sept Ans, pour la plupart des défaites britanniques.

Promotion du fait français

«J'ai honte un peu. Je trouve que ça aurait dû être une réaction plus participative. J'aurais aimé
voir des organismes comme la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) participer à l'événement, par
exemple en tenant un kiosque qui servirait à promouvoir le fait français», suggère-t-il.

À ce sujet, François Gagnon rappelle que la Gaelic Society of Scotland, l'équivalent écossais de
la SSJB, commémore chaque année la bataille de Culloden, une défaite dont les conséquences
ont été terribles pour l'Écosse. «Les indépendantistes écossais voient en cette commémoration
une façon de ne jamais oublier ce qui est arrivé. Pourquoi les indépendantistes du Québec ne
se servent pas de la bataille des plaines d'Abraham pour servir leur cause?» se demande-t-il.

M. Gagnon ajoute que non seulement la reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham n'a
pas semé la zizanie chez ses membres, elle a même amené deux nouvelles personnes à se
joindre à l'équipe qui en compte déjà une centaine. «Ces gens se sont joints à nous quand ils
ont entendu dire qu'on ferait la bataille des Plaines, car ils souhaitaient interpréter leurs ancêtres
français et montrer qu'ils étaient fiers de leurs racines», indique-t-il.

«Il ne faut pas oublier qu'il y avait aussi des héros chez les vaincus, notamment les miliciens
canadiens francophones qui se sont battus pendant une heure et demie pour protéger la retraite
de l'armée française! Et le lendemain de la commémoration de la bataille des Plaines, nous
referons la bataille de Sainte-Foy, qui est une victoire française», souligne-t-il.

Rien du fédéral

D'après lui, la controverse tient surtout du fait que la reconstitution aura lieu sur un terrain fédéral.
«Pourtant, ce n'est pas Stephen Harper qui nous a téléphonés pour que nous fassions ça! C'est
l'initiative du Corps historique du Québec et la nôtre et, comme le site de la bataille appartient au
gouvernement fédéral, nous avons dû demander la permission pour y tenir l'événement.»

M. Gagnon ajoute que son organisme ne reçoit aucune subvention du gouvernement fédéral.
«À ma connaissance, aucun groupe de reconstitution historique francophone ne reçoit de subvention
fédérale. Cependant, nous en avons reçu une du gouvernement provincial pour favoriser la promotion
du fait français à l'extérieur de la province», conclut-il.
 
Deux membres de Loco Locass s'opposent à la commémoration de la bataille des Plaines

(Québec) Les rappeurs Chafiik et Biz de Loco Locass sautent à pieds joints
dans le débat sur la commémoration de la bataille des plaines d'Abraham.
Catastrophés et outrés, ils s'opposent à la tenue d'un événement qu'ils
considèrent honteux pour la nation québécoise. C'est ce qu'ils ont confié
au Soleil vendredi, avant de monter sur la scène à l'occasion du spectacle
d'ouverture du Carnaval.

C'est d'abord la forme que prennent les commémorations qui insulte Biz.
«La guerre, ce n'est pas un jeu», déclare-t-il. Et tant qu'à reconstituer une
bataille, il se demande si les organisateurs ne devraient pas songer à aller
jusqu'au bout et «brûler des fermes et voler les gens». Il va plus loin et met
en question aussi la pertinence de la reconstitution jusqu'à imaginer des
commémorations pour les bombardements à Gaza.

«Le Canada célèbre sa fondation par un acte de conquête. Lui, il a gagné.
Lui, il a de quoi à fêter. Mais qu'il ne vienne pas nous enfoncer cette fête-là
dans la gorge en disant : ?Vous autres aussi, vous pouvez fêter.? On va
applaudir notre misère? Je trouve qu'il n'y a rien à applaudir, il n'y a rien de
drôle là-dedans.»

Se tenir debout

À l'annonce de Pierre Falardeau, qui dit vouloir empêcher la commémoration,
Chafiik répond qu'il comprend sa réaction. «Dans un sens, même sur le terrain
des symboles, c'est important de se tenir debout. Si on prend l'habitude de tout
le temps plier et célébrer nos défaites, c'est l'extinction pure et simple. Donc,
la symbolique a une valeur réelle», dit-il.

En outre, Biz ne comprend pas les organisateurs et leur choix d'activités. «L'an
dernier, pour le 400e, on demandait qu'il y ait du contenu historique, de la
matière à mémoire. Et on se faisait répondre que ce serait un gros party, que
les gens voulaient fêter. Et là (au lieu d'une reconstitution historique), on pourrait
faire un gros rave sur les Plaines et on pourrait dire à tous les Québécois :
?Reprenons les Plaines et montrons qu'on n'est pas morts!? Ce serait là une façon
positive de souligner l'événement, selon lui.

Car il faut que les gens de Québec et les organisateurs comprennent que cette
partie de notre histoire blesse certaines personnes, dit-il. Et il est important de
rester sensible à la sensibilité des Québécois, c'est une question de respect.»

Désobéissance civile

D'autre part, Patrick Bourgeois, du Réseau de résistance du Québécois (RRQ),
a annoncé hier que des gestes de désobéissance civile seraient faits si la
commémoration avait lieu. «Nous montons des comités partout au Québec,
nous louerons des autobus pour que tous puissent venir à Québec. Il y aura une
grosse manif pour dénoncer ça avec des orateurs et des personnalités, dont Pierre
Falardeau. Mais les plus décidés poseront aussi des gestes de désobéissance civile
afin de perturber la commémoration», indique M. Bourgeois, ajoutant toutefois qu'il
n'était pas question de recourir à la violence.

Celui qui est également directeur du journal Le Québécois prétend que la controverse
autour de la commémoration a contribué à mobiliser les souverainistes. «C'est comme
un coup de fouet! J'ai commencé à militer en 1996 et je n'ai jamais vu quelque chose
lever autant! Au départ, on pensait avoir de 200 à 300 personnes, mais, si ça avait lieu
demain, je suis convaincu qu'on serait au moins 2000. De plus, nous étions environ 300
membres au RRQ, et cet événement vient de faire passer nos rangs à plus de 900»,
conclut-il.
 
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