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http://www.cyberpresse.ca/article/20070810/CPACTUALITES/70809248/6737/CPACTUALITES
Le Canada envoie des espions du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) en Afghanistan depuis quelques mois afin d’aider les soldats canadiens à déjouer les attentats meurtriers des combattants talibans dans la région de Kandahar, a appris La Presse.
Ces espions se mêlent fréquemment à la population civile dans l’espoir d’obtenir des informations privilégiées au sujet des talibans et de leurs caches d’armes. Ils refilent ensuite ces renseignements aux commandants des troupes canadiennes pour qu’ils puissent modifier leur stratégie sur le terrain, révèlent des documents obtenus en vertu de la Loi sur l’accès à l’information. Au cours des derniers mois, le SCRS, pendant canadien de la CIA américaine, a d’ailleurs intensifié ses efforts de recrutement au pays afin d’envoyer plusieurs agents en Afghanistan. Des offres ont également été soumises aux employés en poste au Canada pour effectuer un séjour dans ce pays ravagé par des années de guerre.
Les soldats canadiens en poste à Handa éprouvent de la difficulté depuis quelque temps à obtenir des renseignements au sujet des talibans auprès de la population, plus méfiante.
Dans une note secrète datée du 14 décembre et envoyée au ministre de la Sécurité publique, Stockwell Day, le directeur du SCRS, Jim Judd, affirme sans ambages que les activités d’espionnage des agents de son organisation ont évité au Canada d’encaisser de plus lourdes pertes humaines. «Tous les commandants militaires des troupes qui ont fait la rotation ont constamment louangé le travail accompli par le SCRS et ont noté que les renseignements secrets obtenus ont indubitablement permis de sauver plusieurs vies humaines», affirme M. Judd dans cette note confidentielle. «Les informations obtenues par le SCRS ont permis d’avertir rapidement que des menaces planaient. (…) La présence de nos agents est tout à fait cruciale pour identifier (ces menaces)», ajoute le grand patron de l’agence d’espionnage canadienne.
Mélisa Leclerc, directrice des communications du ministre Stockwell Day, a confirmé hier que des agents du SCRS se trouvent en Afghanistan depuis quelque temps. Mais elle a refusé de donner plus de détails sur leur nombre ou sur la nature de leur travail. «Pour des raisons de sécurité, nous ne pouvons pas dévoiler combien d’agents du SCRS se trouvent là-bas ni révéler quelque détail que ce soit au sujet de la nature des opérations en cours», a indiqué Mme Leclerc.
2300 Canadiens à Kandahar
À l’heure actuelle, quelque 2300 soldats canadiens font la lutte aux talibans dans la région de Kandahar, la province la plus dangereuse d’Afghanistan. D’ici peu, la majorité du contingent sera composé du 22e régiment de Valcartier. Jusqu’à maintenant, 66 militaires et un diplomate canadiens ont perdu la vie depuis le début de la mission. Contrairement à l’envoi de troupes canadiennes en Afghanistan, la présence d’espions du SCRS n’a jamais fait l’objet de débat à la Chambre des communes, pour des raisons évidentes de sécurité. En fait, leur présence était jusqu’à maintenant inconnue. Le critique libéral en matière de défense, Denis Coderre, s’est dit étonné hier d’apprendre que des espions canadiens se trouvaient en Afghanistan. « Il faut dire que l’actuel sous-ministre de la Défense, Ward Elcock, est l’ancien patron du SCRS. C’est cela le lien. Je suis quand même surpris parce que tout ce dont on a parlé jusqu’ici en matière de cueillette d’informations était fait par l’armée directement. C’est ce qu’ils nous disaient. Mais on apprend que le SCRS est mêlé à cela », a affirmé M. Coderre.
Observateur bien connu des Forces armées canadiennes, le colonel à la retraite Michel Drapeau a indiqué à La Presse que le Canada fait bon usage du SCRS en envoyant des agents en Afghanistan. Mais il s’étonne de voir que leur présence dans ce pays dangereux soit maintenant révélée. «C’est le rôle du SCRS de colliger des renseignements, de les analyser et de les donner au gouvernement. Tant qu’ils le font à l’étranger et tant qu’ils le font pour le compte d’opérations du gouvernement, c’est une bonne utilisation d’une ressource. Je me doutais qu’ils étaient là, mais je ne le savais pas. Ce ne sont pas des choses que l’on va confirmer normalement. Je suis très surpris en fait que le gouvernement le confirme», a dit M. Drapeau.
En mai 2006, le gouvernement Harper avait demandé au Parlement de prolonger la mission canadienne dans la région de Kandahar jusqu’en février 2009. À l’origine, cette mission devait prendre fin en février 2007. Le premier ministre Stephen Harper a déjà indiqué que la mission prendrait fin à cette date si les autres partis s’opposent à ce qu’elle soit prolongée.
Le SCRS s’intéresse tout de même à l’Afghanistan depuis longtemps, puisque ce pays a déjà abrité des camps d’entraînement pour des terroristes associés au réseau Al-Qaeda. Sa contribution aux efforts des militaires canadiens est cependant plus récente.