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Les Canadiens donnent à Israël

Yrys

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Les Canadiens donnent à Israël
La Presse

Dons d’organismes canadiens en Israël Quand la philanthropie alimente la guerre

PHOTO JAAFAR ASHTIYEH, AGENCE FRANCE-PRESSE. (Soldats israéliens lors d’une opération à Naplouse, en Cisjordanie occupée, en avril dernier)

Deux organismes de bienfaisance canadiens se sont vu retirer le privilège de remettre des reçus de charité car une partie de leurs fonds a financé l’armée israélienne et des projets dans les territoires occupés.

La révocation de leur statut a été confirmée par l’Agence du revenu du Canada (ARC) à l’été 2024. Au moins une autre organisation caritative canadienne conserve son statut de l’ARC, bien qu’elle poursuive des activités semblables, selon nos informations.

Les deux organisations révoquées sont le Fonds national juif (FNJ) du Canada, dont le siège est à Montréal, et la Fondation Ne’eman, de Toronto.

En plus de ces deux organismes, quelque 300 autres ont fait des dons totalisant 1,2 milliard à Israël depuis cinq ans pour diverses activités caritatives, religieuses ou autres. Une bonne part a donné lieu à des crédits d’impôt. Aucun autre pays n’a reçu autant du Canada.

Un parc « Canada » en Cisjordanie
Le FNJ a notamment perdu son statut en raison de son implication dans un grand parc privé situé à 30 minutes de voiture de Jérusalem. Le parc Ayalon Canada est une véritable oasis de jardins fleuris et de ruines romaines. Avec ses 32 km⁠2, il est grand comme environ quatre fois le parc national du Mont-Saint-Bruno.

(PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DU PARC AYALON CANADA)

Aperçu du parc Ayalon Canada, destination prisée par les amateurs de plein air israéliens, en Cisjordanie occupée

Mais ce parc est situé en Cisjordanie, un territoire occupé par Israël. Il prend la place de trois villages palestiniens qui ont été détruits après la guerre des Six Jours, en 1967. Environ 7000 habitants ont été expulsés par l’armée israélienne à l’époque.

En 2007, le FNJ a piloté une campagne de financement de 7 millions de dollars visant à rénover le parc, inauguré en 1975. En outre, entre 2003 et 2016, le FNJ a financé sept autres projets dans les territoires occupés par Israël (Jérusalem-Est, Cisjordanie et plateau du Golan), selon les documents d’enquête de l’Agence du revenu du Canada.

Cela est contraire à la politique étrangère canadienne et a donc été jugé non caritatif par l’ARC, puisque le Canada ne reconnaît pas l’occupation permanente des territoires palestiniens par Israël1.

Financer les militaires
Le FNJ a également financé des projets dans huit bases de l’armée israélienne en 2016 et 2017.

Le caractère caritatif de ces projets a lui aussi été rejeté par l’Agence du revenu, puisque les règles fiscales interdisent à un organisme de bienfaisance d’appuyer l’armée d’un autre pays.

C’est en vertu de ces mêmes règles que la Fondation Ne’eman, de Toronto, a perdu son droit de remettre des reçus fiscaux pour dons de bienfaisance. L’ARC lui reproche notamment d’avoir canalisé près de 2 millions de dollars dans des groupes qui ont aidé des soldats israéliens en 2016 et 2017.

La révocation, officialisée en août 2024, a mené à la saisie des biens de Ne’eman par l’ARC en avril 2025, après un débat devant les tribunaux (voir l’encadré).

La charité pour l’armée se poursuit
Outre Ne’eman et le FNJ, au moins un autre organisme philanthropique canadien continue d’envoyer de l’argent à des groupes liés aux forces israéliennes tout en conservant le privilège de remettre des reçus pour dons.

En 2022 et 2023, l’organisation Mizrachi du Canada, située à Toronto, a envoyé plus de 2,5 millions de dollars à des groupes israéliens associés à l’armée, affirment deux personnes bien au fait de la situation : Corey Balsam et Miles Howe.

M. Balsam est coordonnateur national de Voix juives indépendantes, un groupe critique du gouvernement israélien, tandis que Miles Howe est un professeur de l’Université Brock, en Ontario, qui s’intéresse notamment aux activités des organismes de bienfaisance canadiens en Israël.

M. Balsam a écrit à l’ARC en février dernier afin qu’elle enquête sur Mizrachi pour « utilisation abusive de fonds de bienfaisance en violation de la législation canadienne ». Il n’a pas eu de réponse de l’Agence.

Trois projets de Mizrachi en Israël soulèvent des questions.

Une coop funéraire comme prête-nom ?
La somme la plus importante envoyée en Israël par Mizrachi au cours des cinq dernières années a été destinée à une petite entreprise funéraire située dans une banlieue de Tel-Aviv. La hevra kaddisha de Rishon LeZion a reçu 1,7 million de la part de l’organisation philanthropique canadienne en 2023.

Une hevra kaddisha est un groupe de bénévoles qui s’assurent qu’une personne sera enterrée conformément au rite juif. Pourquoi une petite entreprise funéraire aurait-elle besoin de la générosité des Canadiens ? Et quel est le lien entre la charité et les pompes funèbres ?

En fait, il n’y en a guère. Le registre des entreprises d’Israël le confirme. La somme qui provient du Canada a servi à « l’achat de matériel […] pour les forces de sécurité en guerre [dans le cadre de l’opération] Épées de fer ».

« Épées de fer » est le nom qu’a donné le gouvernement de Benyamin Nétanyahou à la riposte de l’armée israélienne dans la bande de Gaza depuis les attentats du 7 octobre 2023.

Unité d’élite de l’armée
En 2022 et 2023, Mizrachi a aussi versé près de 300 000 $ à la Fondation Douvdevan, qui soutient une unité d’élite de l’armée israélienne qui porte le même nom.

Les programmes de la Fondation Douvdevan aident autant les soldats que les vétérans de l’unité Douvdevan à travers des bourses d’études, du mentorat et des soins de santé, selon ce qui est indiqué dans son plus récent rapport annuel disponible.

IMAGE TIRÉE DU RAPPORT ANNUEL 2021 DE LA FONDATION DOUVDEVAN

La Fondation Douvdevan soutient une unité d’élite de l’armée israélienne qui porte le même nom.

En hébreu, « Douvdevan » signifie « cerise », parce qu’au moment de la création de cette unité, le premier ministre de l’époque, Ehud Barak, voulait qu’elle soit la cerise sur le gâteau de l’armée israélienne.

Combiner études et service militaire
Mizrachi a par ailleurs versé un peu plus de 550 000 $ en 2022 et 2023 pour soutenir 54 écoles religieuses qui sont liées à l’armée israélienne.

Ces écoles, appelées hesder yeshiva, sont « mises sur pied spécifiquement pour mêler les études [du Talmud et de la Torah] avec le service militaire », explique Miles Howe, de l’Université Brock.

« Une année supplémentaire est ajoutée au service militaire obligatoire pour que vous puissiez échapper à certaines obligations en combinant des études. […] Dans mon esprit, ce sont des opérations paramilitaires. »

Enregistrée comme organisme de bienfaisance depuis 1979, l’organisation Mizrachi a récolté près de 28 millions de dollars en dons de la part de citoyens canadiens au cours des cinq dernières années. Plus de 25,5 millions ont été envoyés à l’étranger, surtout en Israël, selon notre analyse.

L’organisation Mizrachi du Canada n’a pas répondu aux questions de La Presse.

1. Lisez le résumé d’Affaires mondiales Canada sur les éléments clés du conflit israélo-palestinien
Lisez notre dossier « Dons de charité en provenance du Canada : une manne pour les groupes religieux étrangers »
Que sont le FNJ et la Fondation Ne’eman ?

Selon les documents de l’Agence du revenu du Canada (ARC), la mission du Fonds national juif (FNJ) était d’acheminer des fonds à un organisme israélien (KKL) pour racheter la terre d’Israël, relier les Juifs canadiens à leur patrie nationale et souligner la place centrale d’Israël dans la vie juive.

Le FNJ, de Montréal, a vu son statut d’organisme de bienfaisance révoqué à l’été 2024 par l’ARC. Le Fonds national juif était inactif depuis quelques années dans le contexte de l’enquête de l’ARC sur les dons litigieux du FNJ en Israël.

La Fondation Ne’eman, de son côté, est la filiale canadienne d’une fondation américaine du même nom dont le siège social est à Boston. Les deux branches sont dirigées par un Canadien, Chaim Katz, qui vit en Israël.

La mission de la fondation américaine est de « fournir aux Américains un vaste éventail de projets en Israël qui sont déductibles d’impôts ». Ne’eman est toujours reconnue comme organisme de bienfaisance par l’Internal Revenue Service, le pendant états-unien de notre Agence du revenu.

Au Canada, cependant, Ne’eman a perdu son statut d’organisme de bienfaisance après une enquête de l’ARC constatant notamment qu’elle finançait l’armée israélienne.

La révocation de son statut, officialisée en août 2024, a eu pour conséquence d’obliger Ne’eman à payer un impôt de révocation à l’ARC, qui équivaut à la valeur totale de ses biens, essentiellement. Or, après la révocation, le dirigeant de Ne’eman a transféré des fonds dans un autre organisme dont il était l’âme dirigeante, selon la preuve déposée en Cour fédérale par l’ARC.

Ce transfert a obligé l’ARC à saisir les fonds de Ne’eman pour recouvrir son dû au moyen d’une ordonnance extraordinaire du tribunal, en décembre 2024. Ne’eman a contesté l’ordonnance, mais cette dernière a été validée par le tribunal en avril 2025.


(Articles similaires :
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Fiasco SAAQclic Informée des dépassements de coûts, l’ex-présidente du C.A. n’a rien fait

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(Le tableau de l' article serait a ajouter)
 
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