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Réformes policières 5 ans après Georges Floyd
(J' espère que le lien du 'Le Devoir' fonctionne)
Des réformes policières compromises par Donald Trump, cinq ans après la mort de George Floyd
Des agents de la patrouille d’État en tenue anti-émeute bloquent une route à Minneapolis, au Minnesota, le 29 mai 2020 lors d’une manifestation contre la mort de George Floyd.
(Photo: Kerem Yucel Archives Agence France-Presse)
Fabien Deglise Publié et mis à jour le 24 mai
À la veille du cinquième anniversaire de la mort de George Floyd, cet Afro-Américain qui a été victime, le 25 mai 2020, d’une bavure policière au Minnesota, le gouvernement de Donald Trump a décidé, à sa manière, de commémorer la tragédie.
Comment ? En mettant fin brutalement mercredi au contrôle par le gouvernement fédéral des réformes policières entamées dans plusieurs villes du pays où des citoyens afro-américains ont dans les dernières années perdu la vie lors d’arrestations brutales teintées par des décennies de racisme systémique. Le service de police de Minneapolis, dont plusieurs membres ont été reconnus coupables de l’assassinat de George Floyd lors d’un banal contrôle pour une histoire de faux billet utilisé dans un dépanneur, était dans la liste. Celui de Louisville, au Kentucky, aussi, après avoir provoqué la mort en 2020 de Breonna Taylor, une travailleuse de la santé, victime collatérale d’une perquisition qui a mal tourné.
Dans la foulée, le nouveau pouvoir républicain a également annoncé son intention de mettre fin aux enquêtes en cours pour mauvaise conduite, usage excessif de la force et discrimination systématique contre les Afro-Américains, Latino-Américains et Amérindiens lancées dans six autres services de police. Ces enquêtes avaient été ouvertes à Phoenix, à Memphis, à Trenton dans le New Jersey, à Mount Vernon dans l’État de New York, à Oklahoma City et au sein de la police d’État de la Louisiane.
« La microgestion de la police locale par le fédéral devrait être une exception, plutôt qu’une norme », a justifié la nouvelle procureure générale adjointe à la Division des droits civiques du département américain de la Justice, Harmeet Dhillon. Elle a au passage planté un des arguments forts du trumpisme pour expliquer le geste ainsi posé par le nouveau gouvernement, en précisant que le contrôle de la police devait relever des communautés locales, plutôt que des « bureaucrates non élus » de Washington.
Ce contrôle des réformes policières par le fédéral avait pourtant été ordonné dans le cadre d’un « décret de consentement » sanctionné par les tribunaux américains, une procédure qui, normalement, dans un État de droit, devrait être respectée par le pouvoir exécutif.
L’annonce faite par Washington vient donc confirmer une fois de plus l’incroyable défiance du nouveau régime populiste et ultraconservateur envers le pouvoir judiciaire américain, tout en ramenant les États-Unis des années en arrière dans leur lutte contre les discriminations et les partis pris négatifs de plusieurs corps policiers contre les minorités.
« Cette décision marque une régression importante dans la longue lutte contre les préjugés raciaux qui persistent au sein de la police américaine, résume en entrevue au Devoir le philosophe américain Timothy Golden, qui enseigne actuellement à l’Université Whitman, dans l’État de Washington. Alors que nous nous souvenons cette année du meurtre de George Floyd, nous devrions surtout nous rappeler que l’histoire américaine regorge d’exemples de violences policières ciblant les Afro-Américains, et pour lesquelles les services policiers ont été si peu ou pas du tout tenus pour responsables. »
Une grâce présidentielle pour Derek Chauvin ?
L’histoire étant écrite par les vainqueurs, les républicains, qui ont remporté les élections de novembre dernier, aspirent donc à écrire la leur, en effaçant surtout celle qui était pourtant déjà là quand ils sont arrivés à Washington.
C’est ce que cherche à faire la représentante Marjorie Taylor Greene, figure emblématique du parti en Géorgie, qui, depuis plusieurs jours et pour marquer les cinq ans de la bavure policière de Minneapolis, n’appelle à rien de moins qu’à la grâce présidentielle et à la libération de Derek Chauvin, le policier tenu pour responsable de la mort de George Floyd, asphyxié sous son genou. La vidéo de l’intervention avait fait le tour du monde et déclenché une vague massive d’indignation au-delà des frontières du pays. Il a été condamné à 22 ans de prison.
En mars dernier, un autre porte-voix du mouvement politique de Donald Trump, Ben Shapiro, a également lancé une campagne pour obtenir cette grâce, une idée soutenue par le multimilliardaire Elon Musk, l’homme d’affaires qui parle à l’oreille du président.
Cette quête de pardon tient toutefois d’une profonde incompréhension du système judiciaire américain par ces trois figures du trumpisme. Une grâce présidentielle ne s’appliquerait qu’à la peine de 21 ans de prison décrétée par un tribunal fédéral contre Derek Chauvin. L’homme devra malgré tout continuer à purger les 22 ans et demi de prison imposés par la justice d’État du Minnesota pour ce même crime. Elle n’aurait donc comme conséquence qu’un changement d’adresse pour lui qui est dans une prison du Texas. Il devrait alors être ramené dans une prison du Minnesota.
Douze enquêtes avaient été ouvertes par la division des droits civiques du département de la Justice, sous Joe Biden, pour pratiques et comportement discriminatoires de services policiers. Donald Trump a décidé plutôt de détourner cette division, travaillant historiquement pour protéger les minorités, pour désormais faire avancer son programme conservateur. Cela comprend la défense du droit de porter des armes à feu, tout comme les luttes contre l’antisémitisme dans les universités américaines ou contre les comportements « antichrétiens » dans la fonction publique du pays. En gros.
Cette semaine, les maires de Minneapolis et de Louisville ont assuré qu’ils allaient continuer à mettre en œuvre les réformes de leurs services de police, malgré la décision du gouvernement de mettre fin à son contrôle. Des réformes qui, ironiquement en parfaite cohérence avec le problème criant qu’elles cherchent depuis des années à régler, viennent donc de retomber en territoire hostile.
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(Photo: Kerem Yucel Archives Agence France-Presse)
Fabien Deglise Publié et mis à jour le 24 mai
À la veille du cinquième anniversaire de la mort de George Floyd, cet Afro-Américain qui a été victime, le 25 mai 2020, d’une bavure policière au Minnesota, le gouvernement de Donald Trump a décidé, à sa manière, de commémorer la tragédie.
Comment ? En mettant fin brutalement mercredi au contrôle par le gouvernement fédéral des réformes policières entamées dans plusieurs villes du pays où des citoyens afro-américains ont dans les dernières années perdu la vie lors d’arrestations brutales teintées par des décennies de racisme systémique. Le service de police de Minneapolis, dont plusieurs membres ont été reconnus coupables de l’assassinat de George Floyd lors d’un banal contrôle pour une histoire de faux billet utilisé dans un dépanneur, était dans la liste. Celui de Louisville, au Kentucky, aussi, après avoir provoqué la mort en 2020 de Breonna Taylor, une travailleuse de la santé, victime collatérale d’une perquisition qui a mal tourné.
Dans la foulée, le nouveau pouvoir républicain a également annoncé son intention de mettre fin aux enquêtes en cours pour mauvaise conduite, usage excessif de la force et discrimination systématique contre les Afro-Américains, Latino-Américains et Amérindiens lancées dans six autres services de police. Ces enquêtes avaient été ouvertes à Phoenix, à Memphis, à Trenton dans le New Jersey, à Mount Vernon dans l’État de New York, à Oklahoma City et au sein de la police d’État de la Louisiane.
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Ce contrôle des réformes policières par le fédéral avait pourtant été ordonné dans le cadre d’un « décret de consentement » sanctionné par les tribunaux américains, une procédure qui, normalement, dans un État de droit, devrait être respectée par le pouvoir exécutif.
L’annonce faite par Washington vient donc confirmer une fois de plus l’incroyable défiance du nouveau régime populiste et ultraconservateur envers le pouvoir judiciaire américain, tout en ramenant les États-Unis des années en arrière dans leur lutte contre les discriminations et les partis pris négatifs de plusieurs corps policiers contre les minorités.
« Cette décision marque une régression importante dans la longue lutte contre les préjugés raciaux qui persistent au sein de la police américaine, résume en entrevue au Devoir le philosophe américain Timothy Golden, qui enseigne actuellement à l’Université Whitman, dans l’État de Washington. Alors que nous nous souvenons cette année du meurtre de George Floyd, nous devrions surtout nous rappeler que l’histoire américaine regorge d’exemples de violences policières ciblant les Afro-Américains, et pour lesquelles les services policiers ont été si peu ou pas du tout tenus pour responsables. »
Une grâce présidentielle pour Derek Chauvin ?
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