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Lettres Des Soldats Canadien-Français Durant La Deuxième Guerre d'Afrique du Sud

Chispa

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Pour lire le contenu Click sur le lien.....Lettres Des Soldats Canadien-Français Durant La Deuxième Guerre d'Afrique du Sud, 1899-1900. http://wp.me/p55eja-Nz

RÉAL HUOT, un des volontaires canadiens-français en Afrique, écrit la lettre suivante à son frère: — Cape-Town, 27 février. —  Mon cher Alphonse, Je t’écris de ma tente, pour te donner un peu de mes nouvelles. Elles sont très bonnes. Je suis en bonne santé. Je n’ai pas été malade, et je suis résigné à mon sort. Si je meurs sur le champ de bataille, j’aurai vu beaucoup avant de mourir. Les gens ici nous voient d’un bon oeil, et font tout ce qu’ils peuvent pour nous. Us sont très polis. Je n’ai jamais tant mangé de fruits que je l’ai fait cet hiver. Mes officiers sont bons pour moi, jusqu’à présent, et les hommes aussi. Hier on nous a fait mettre dans notre poche, au cas où nous mourrions sur le champ de bataille, un papier portant le nom du parent ou de celui auquel nous voulions léguer nos biens. C’est ton nom qui se trouve sur mon feuillet, et je l’ai adressé à l’hôtel Riendeau, Montréal. Laisse ton adresse à ce dernier endroit, si tu quittes Montréal, au cas où je mourrais, et écris-moi. Il serait trop long de te donner en détail ce que je vois tous les jours, en fait de belles choses ici. Si j’ai le bonheur de revenir au Canada, j’en aurai long à te conter. C’est pour ainsi dire, un vrai cirque nouveau tous les jours. Si je retourne, j’aurai quelques souvenirs à te donner. J’attends une lettre de toi. Nous partons d’ici demain pour Kiraberley, distance de sept cents milles. Comme tu le vois, nous voilà bien partis. Tous les hommes sont aussi bien disposés que moi à mourir pour la reine...............

Les Soldats Huot et Gossselin au «Soleil»…Carnarvon, 6 avril 1900. — A. M. Ernest Pacaud, rédacteur du Soleil. — Cher monsieur…Il y a déjà longtemps que je voulais vous écrire, mais le temps m’a manqué. Aujourd’hui, vu la grande chaleur et les mauvais chemins, nous nous sommes arrêtés de bonne heure. Nous avons perdu, ce matin, cinq chevaux. Ils sont tombés raides morts dans le chemin. Partis de Victoria West, le 13 mars, nous sommes arrivés à Carnarvon, le 17, après une longue marche à travers les montagnes. Nous avons eu ici une très belle réception. Les dames nous avaient préparé un superbe repas. Il y avait du café, du pain, du beurre et des gâteaux. Après avoir pris, un bon souper, nous avons pris un repos bien mérité. Nous sommes repartis le 21, continuant notre marche à travers des montagnes étrangères pour nous. Enfin, nous sommes arrivés à Van-Wyks-Vki, le 23, après avoir parcouru la distance de cent quarante milles, depuis Carnarvon à Van-Wyks-Vki. Toutes les maisons sont désertes, les rebelles ont chassé la population. Même quand nous sommes arrivés, les gens d’ici étaient avertis de quitter la ville dans vingt-quatre heures ou de les suivre. Une grande joie régnait dans cette ville quand nous sommes arrivés. Je crois que ces rebelles sont comme nos corbeaux au Canada: il n’y a pas moyen de les rejoindre. Le plus drôle pour nous, c’est de voir des maisons plâtrées avec des briques d’un pied carré sur à peu près huit pouces d’épais, mais faites avec de l’engrais de mouton. De plus, nous nous chauffons avec ces briques qui valent le charbon. Nous n’avons pas besoin de vous dire que le bois est rare. Nous ne voyons pas un seul arbre. Ce serait trop long de tout énumérer ici, mais nous en gardons des notes.......................

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Le 1er avril, un homme du nom de Bradley est mort malgré tous les bons soins de nos médecins et de nos officiers. Il venait d’Ottawa et appartenait à la batterie D, nous l’avons enterré le lendemain au pied de la montagne. Les-batteries D et E, les West Australiens, Canadian Mounted Rifles, New-Zealand, la Impérial Yeomanry et les Derby, précédés de douze trompettes ont battu la marche. Us ont tiré six rondes de cartouches blanches et ensuite les trompettes ont sonné «The last post» Nous avons mis chacun une pierre sur son tombeau. Nous avions aussi fait des couronnes avec des fleurs des champs que l’on a déposées sur sa tombe. Un des soldats de la batterie D lui a fait une superbe épitaphe en pierre. Nous nous rappellerons longtemps cette scène................

La plupart de nos hommes ont été malades, mais ils sont assez bien maintenant. La cause en était l’eau. Nous aimerions bien à avoir une tasse d’eau qui coule dans les rues de Québec pour nous donner bonne bouche, car l’eau ici est dégoûtante et très rare. Nous partons demain pour une autre direction. On nous dit qu’il faudra marcher cent cinquante milles dans les montagnes. Nous sommes toujours prêts, car nous avons hâte de faire feu. Nous sommes en parfaite santé. — EDGAR GOSSELIN, RÉAL HUOT.

Réal Huot: — De Aar, 6 mai 1900. — Mon cher M. Pacaud…Je viens vous prier de me rendre un service. J’espère que vous ne me refuserez pas. Je vous envoie en même temps que la présente un mandat-poste au montant de cinq piastres pour faire chanter une messe de requiem pour le repos de l’âme de ma mère et de mon père défunts. Veuillez être assez bon de téléphoner au révérend M. Gosselin, curé de Charlesbourg, pour lui demander de chanter une grand’messe pour le repos de l’âme de feu Gaspard Huot et de son épouse, Angèle Laberge, recommandée par leur fils, Réal Huot, en guerre au Sud-africain. Pour la messe et le téléphone, cela devra vous coûter environ trois piastres. Vous garderez la balance pour votre trouble. N’oubliez donc pas d’ajouter à l’annonce que les parents et amis sont priés d’y assister. Rien de bien étrange ici si ce n’est que les régiments d’infanterie qu’il y avait ici sont partis pour les avant-postes. Quant à nous de l’artillerie, nous nous attendons à partir d’une minute à l’autre. On envoie les jeunes en avant tâter le terrain en attendant que nous, les vieux, nous allions leur envoyer des beans avec nos jolies pièces. Notre ami, René Miller, que nous avions laissé à l’hôpital de Deelfontein, nous est revenu assez bien quoique encore un peu douillet, mais il brûle cependant du désir d’être bientôt aux avant-postes et de faire le coup de feu....................

LE SERGENT GRATTON (DU 65e BATAILLON). — La Presse a reçu la communication suivante de Bloemfontein. Cette communication est signée par les soldats suivants: E. Lamoureux, Jos. Rémy, E. Charbonneau, A. Tessier, A. Tansey, Thomas Donohue, Jos. Plamondon, F. Lescarbeau, E. Jobin, L. Vallée, W. Duhamel, L. Dolbec, L. LaRue, G. D’Orsonnens, J.Touchette et J. Tapin.

Monsieur le rédacteur…Nous, soussignés, membres de la compagnie F, des Canadiens Royaux, avons l’honneur de vous adresser cette communication, espérant que vous lui accorderez une cordiale attention. Hier soir, après être entrés dans nos tentes pour consulter les journaux de Montréal, nous avons appris la triste nouvelle de la mort du père de l’un de nos compagnons d’armes. Le coup a été rudement ressenti par nous tous et spécialement par le sergent Gratton, le fils du défunt. Pour la première fois depuis son enrôlement comme volontaire d’Afrique, nous avons vu sur sa figure les traces d’une grande peine et d’un profond désespoir.................

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2e SS Bn. RCRI, F Coy, Québec — Regt. No. 7839, Lce.-Caporal. Jos. F. DESJARDINS. — 65e Mount Royal Rifles. . . . L’ordre fut donné de se former en ordre de bataille; pour cela il fallait traverser la rivière Modder, qui se prolonge jusque-là. Les ponts et les bateaux étant détruits ou enlevés, il fallut entreprendre de traverser à la nage, ce qui présentait quelques difficultés, avec la carabine en bandoulière et tout notre bagage sur notre dos. Je termine, mes forces m’abandonnent. La bataille? Oh! c’était terrible! terrible! Des cris help me. . . help me, I’m wounded. Les balles pleuvaient; un bruit confus de canons, coups de carabine, charge à la baïonnette….Le sol jonché de morts et de blessés, des cris confus, désespérés. Epouvantable ! Terrible!

Ne craignez rien, je vais guérir dans peu. . . .Mais voici l’hiver. . . L’hiver, oh! quelle nostalgie s’empare de moi à ce mot magique, j’avais toujours pensé que l’hiver ne pourrait pas exister sans la neige immaculée qui couvre durant quelques mois de l’année notre beau sol canadien. Si mon coeur n’était pas si triste à la pensée de mon exil, je pourrais chanter avec transport, de concert avec notre poète canadien: — «O Canada, mon pays, mes amours!» mais en ce moment, je serais plutôt porté à chanter l’air triste de la complainte du Canadien errant, qui confiait aux flots muets ses peines et ses ennuis, tandis que moi je puis, par le moyen de la malle, transmettre mes peines à des amis qui ne m’oublient pas..........

2e SS Bn. RCRI, F Coy, Québec — Regt. No. 7862, Pte. EUSÈBE JOBIN. — 9e Voltigeurs de Québec — Bloemfontein, 25 mars 1900. —. . . . Durant le trajet, le colonel Oscar Pelletier, aussi gai que brave, nous exhortait à chanter de nos chansons canadiennes qui retrempaient notre courage et nous faisaient oublier nos fatigues. Nous traversâmes à la nage cette rivière Modder, où je faillis me noyer, ainsi que plusieurs de mes camarades. . . .Nous approchâmes des tranchées boers et nous reçûmes le commandement: «Chargez à la baïonnette» C’était un spectacle horrible. Au pétillement de la fusillade, au grondement des canons, s’ajoutaient les cris des blessés, la voix tonnante des commandants..................

2e ss Bn. RCRI, F Coy, Québec — Regt. No. 7843, Pte. A. CHATEL. — 65e Mount Royal Rifles —. . . . Nous avons quitté Belmont pour Maple Leaf où nous sommes campés. Car maintenant, nous faisons partie de la 6e division sous le commandement de lord Methuen et nous sommes embrigadés avec les Black Watch et les Gordons. Nous avons la certitude maintenant d’aller à l’attaque de Magersfontein; mais en attendant, nous faisons toujours des tranchées et autres travaux. Cela nous embête beaucoup, car nous aimerions bien nous battre le plus tôt possible afin d’en finir au plus vite et de retourner au Canada. . . .

2e SS Bn. RCRI, F Coy, Québec — Regt. No. 7813, Pte. JEAN D’AMOUR. —9e Voltigeurs de Québec . . . . A part la chaleur qui est intense parfois et du sable qui nous aveugle, nous ne sommes pas trop mal ici. La nourriture est abondante et nos officiers, entre autres nos officiers canadiens-français sont bien bons pour nous, car ils cherchent à nous éviter toutes les petites misères qui sont l’apanage du soldat devant l’ennemi. . . .

2e SS Bn. RCRI, F Coy, Québec — LIEUTENANT. . . . Le lieutenant-colonel Lessard avait été chargé de distribuer les articles et provisions généreusement ramassés pour le confort de la troupe durant le voyage. Il fut un véritable dispensateur des biens terrestres, même en pleine mer, sachant se multiplier pour remplir sa tâche. Il s’en est acquitté dignement à la satisfaction générale. Le lieutenant-colonel Pelletier est d’une sollicitude toute particulière pour son demi-bataillon, l’aile gauche du régiment, et il ne manquera pas dans cette circonstance de faire sa marque comme excellent soldat et brillant officier. . . .

2e SS Bn. RCRI, F Coy, Québec — Regt. No. 7863, Pte. JOSEPH PAMONDON. — 9e Voltigeurs de Québec. . . . Arrivés à près de vingt verges de leurs tranchées nous fûmes reçus par une vive fusillade. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, tout le monde était couché à terre et les Gordons qui étaient restés dans les tranchées ouvrirent le feu sur l’ennemi. Pendant ce temps, les Boers se cachaient et nous retournions vers nos tranchées. Le caporal Wythie, de la citadelle de Québec, qui se trouvait à mes côtés, a été tué raide avant de battre en retraite..........

2e SS Bn. RCRI, F Coy, Québec — Regt. No. 7849, Pte. LOUIS LÉVEILLÉ. — 65e Mount Royal Rifles. . . . J’ai failli me noyer, ayant mis le pied dans un trou profond. J’ai disparu sous l’eau et perdu presque connaissance. Mais cela n’est rien en comparaison du temps que nous avons passé sous le feu des Boers. Je t’assure qu’il ne fallait pas trop montrer la tête, car les balles tombaient dru. A certain moment, on aurait dit qu’il pleuvait du plomb et que l’air était rempli de taons, tant ça sifflait. Mais aussi, de notre côté, nous ne restions pas inactifs. Notre position était meilleure que celle de l’ennemi. Les Boers étaient bombardés de trois côtés à la fois par notre artillerie. Dans l’après-midi, nous avons eu une terrible tempête de pluie. Le tonnerre s’est aussi mis de la partie. Nous sommes restés sur le champ de bataille jusqu’à la tombée de la nuit. On nous a alors servi un biscuit et une tasse de thé; c’est tout ce que nous avons pris durant toute la journée. Nous avons couché à la belle étoile, et il faisait froid. Nous couchons comme cela depuis que nous sommes partis de Belmont. . . .

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2e SS Bn. RCRI, F Coy, Québec — Regt. No. 7845 F. DONOHUE. — late 6th US Infantry. . . . Les apparences, au moment présent, ne sont pas favorables pour nous, quant à la possibilité d’un engagement avec les Boers, mais tout étant tranquille depuis si longtemps, ici, et ne nous trouvant qu’à quelques milles de l’ennemi, caché dans sa plus formidable position, nous espérons que lord Roberts ne nous oubliera pas, et que les Canadiens Royaux seront appelés à prendre leur place sur le front de bataille. . . .*C’est ce Donohue qui a composé la chanson a The Jolly Musketeers, mentionnée par Lucien LaRue.

CHARLES H. TWEEDELL, Caporal. . . . Nous avons eu beaucoup de longues marches, de misères et de fatigues et à essuyer des combats pour nous rendre ici. Ainsi, nous nous sommes battus à maintes reprises avec les Boers. . . .Oh I mes chers amis, c’était effrayant de voir les champs de bataille par lesquels nous sommes passés. Je vous en donnerai des détails à mon retour. Les balles tombaient comme grêle, et plusieurs de nos camarades ont été blessés d’une manière épouvantable. Nous avons perdu beaucoup de monde, par le feu et par la maladie. Le climat ne nous va pas du tout. Le jour il fait excessivement chaud et les nuits sont fraîches; la rosée tombe comme une grosse gelée blanche au Canada. Sans parler des orages qui sont très fréquents. Je n’ai jamais vu tomber de la pluie comme elle tombe ici. C’est ni plus ni moins qu’un déluge. En un instant le terrain se trouve inondé, mais comme c’est un pays sablonneux l’eau se retire très vite. . . .

JOE TAPIN. — Belmont, 7 décembre 1899. . . . Nous sommes maintenant à Belmont, c’est-à-dire  en face de l’ennemi. Jour et nuit nous restons sous les armes, la carabine au poing et les munitions à portée de la main en cas d’alerte. La tâche est ardue, mais nous y résistons facilement, car nous sommes bien traités et surtout bien nourris. Nous n’avons pas à nous plaindre des officiers. Nous sommes tous impatients d’en venir aux mains et de montrer aux Boers ce que nous savons faire. Je suis sur le premier rang avec deux de mes compatriotes, Gratton et Bagot. Nous battons la marche. . .

TOUCHETTE. . . . Nous avons pris part à trois batailles consécutives, après avoir fourni une très longue marche forcée. Le 18 février, nous avons fait, durant la nuit, une marche de vingt-quatre milles, et à six heures du matin, nous étions au feu. La bataille a duré jusqu’à huit heures du soir, sans interruption ; nous n’avons eu le temps ni de manger, ni de boire, durant cet épouvantable engagement. Le contingent canadien a eu vingt-quatre tués et quatre-vingt-trois blessés, à cette bataille du 18 ; le 20, nous avons pris part à un nouveau combat, qui a duré de dix heures à six heures ; cinq Canadiens ont été blessés; enfin, le 27, nouvelle bataille qui a duré toute la nuit, et au cours de laquelle quatorze Canadiens ont été tués et quarante-huit blessés. C’est à cette bataille que le général Cronje s’est rendu avec trois mille cinq cents hommes. Les vivres nous font presque complètement défaut.


ARTHUR LAROQUE. . . . Il y a déjà une journée que nous sommes partis d’Halifax, par un gros vent et un froid de chien. Mais aujourd’hui le temps est changé et nous avons de la pluie. Un gros vent soulève la mer et il fait une tempête à laquelle nous ne sommes pas accoutumés. En général, nous sommes très malades et nous avons bien du trouble avec nos chevaux. Ces pauvres bêtes font tout leur possible pour se tenir debout mais plusieurs succombent aux secousses qu’elles éprouvent, et il nous faut, tout malades que nous sommes, essayer de les relever. Beaucoup de nos chevaux se blessent et quelques-uns se cassent les jambes. Ces derniers sont aussitôt tués d’un coup de pistolet et jetés ensuite à la mer. Quelle pénible nécessité d’avoir à en agir ainsi avec des bêtes qui nous sont si chères! . . . .

C.U.
 
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