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Deux millions pour surveiller trois présumés terroristes

schart28

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La Presse: http://www.cyberpresse.ca/article/20070105/CPACTUALITES/70105001/5032/CPACTUALITES

Trois présumés terroristes. Une prison spéciale de 3,2 millions de dollars qui a coûté trois fois plus cher que prévu. Et des frais d’exploitation de 2 millions par an, dont 1,6 million en salaires. C’est ce que révèlent des documents du ministère fédéral de la Sécurité publique, obtenus par La Presse à la suite d’une demande d’accès à l’information.

Deux Égyptiens et un Syrien sont détenus en vertu d’un certificat de sécurité au nouveau Centre de surveillance de l’immigration de Kingston, situé sur le terrain de la prison Millhaven. Ses détracteurs appellent ce centre à très haute sécurité le «Guantanamo du Nord». Ouvert en avril dernier, il contient six cellules pour autant de prisonniers.

Il y a deux cellules dans chacune des trois unités mobiles de 50 mètres carrés.

La liste détaillée des coûts d’ouverture de la prison montre que 7000$ ont été dépensés pour les loisirs des détenus (vélos stationnaires, salle d’exercices, livres, jeux et télévision câblée). L’équipement de sécurité, dont un scanner pour détecter l’entrée de drogues, cinq masques à gaz et un système de surveillance vidéo, a coûté 125 000$. Une autre somme de 100 000$ a été consacrée à la formation des futurs employés. La construction a coûté 2,5 millions. Au total, les dépenses d’ouverture se chiffrent à 3 123 200$, alors que sa construction était évaluée à un peu plus de 1 million six mois plus tôt.

Cette somme n’inclut pas les coûts liés aux soins de santé prodigués aux détenus, ni au transport des prisonniers, ni aux interventions de l’«équipe de crise» (3500 $ par intervention), peut-on lire dans un document du Service correctionnel Canada (SCC) de mars 2006.

Le SCC prévoit dépenser près de 1,6 million en salaires chaque année. Et près de 300 000$ en frais d’exploitation, ce qui inclut la nourriture et les soins d’hygiène. Le ministère de la Sécurité publique a refusé de nous fournir les salaires du directeur de la prison et du gestionnaire du projet. Toutes les dépenses ont été calculées en fonction de quatre détenus.

Ce qui explique les dépassements de coûts? «La prison a été construite sous les libéraux», répond l’attachée de presse du ministre de la Sécurité publique Stockwell Day, Mélisa Leclerc. Pour plus de détails, le cabinet du ministre réfère à l’Agence des servics frontaliers du Canada, responsable de la prison spéciale avec Service correctionnel Canada. Le boom dans l’industrie de la construction, du temps froid et des « ajustements mineurs » ont fait augmenter les coûts, selon plusieurs courriels entre les responsables du projet obtenus dans la même demande d’accès à l’information.



Plus que le client n’en demande?



Le consultant en matière de sécurité nationale, Michel Juneau-Katsuya, remet en question la nécessité de construire une prison spéciale pour les détenus en vertu d’un certificat de sécurité. «C’est certain que ça coûte des sous de s’occuper de ces gars-là. Mais aurait-on pu leur trouver une place déjà existante, un bout d’aile de prison peut-être? Est-ce qu’on en met plus que le client en demande? L’a-t-on fait pour faire plaisir aux Américains? Toutes ces questions sont valables», dit l’expert en terrorisme.

C’est «deux poids, deux mesures» au Canada quand il est question de certificats de sécurité, croit M. Juneau-Katsuya. Il donne l’exemple du présumé espion russe arrêté à Montréal en novembre dernier en vertu d’un certificat. «Pourquoi n’a-t-il pas été envoyé à Kingston en attendant son expulsion? On envoie des Arabes terroristes à Kingston et on garde l’espion russe à Montréal», souligne-t-il.

Le certificat de sécurité est une mesure, contenue dans la Loi de l’immigration et de la protection des réfugiés. Elle permet au gouvernement de détenir et d’expulser du pays des individus qu’il considère une menace à la sécurité du Canada, sans avoir à leur intenter un procès.



Grève de la faim



Les trois détenus, insatisfaits de leurs conditions de détention, ont cessé de manger depuis au moins un mois. L’Agence des services frontaliers refuse de parler de «grève de la faim». Il est vrai qu’ils «refusent de manger», dit le porte-parole de l’Agence, Derek Mellon. Mais pour faire une «grève de la faim», il faudrait que les détenus ne consomment que de l’eau durant au moins sept jours.

Or, ils boivent des jus de fruits. «On continue à leur offrir l’accès aux soins médicaux, trois repas par jour, l’accès à une infirmière et à la salle d’exercices», assure M. Mellon.

«Ils se plaignaient dans les prisons provinciales qu’ils voulaient aller dans une prison fédérale. Maintenant qu’ils sont au fédéral, ils veulent revenir au provincial. C’est un cercle vicieux», ajoute Mélisa Leclerc, du ministère de la Sécurité publique.

Les détenus sont Hassan Almrei, Mohammad Mahjoub et Mahmoud Jaballah. Le premier est originaire de la Syrie et les deux autres, de l’Égypte. Mahjoub a été arrêté en juin 2000, Almrei en octobre 2001 et Jaballah, en août 2001. Ils sont soupçonnés d’appartenir à des organisations terroristes différentes. Le réfugié algérien Mohammed Harkat a été emprisonné avec eux jusqu’en mai dernier.

Après avoir passé trois ans en prison, il a été libéré à plusieurs conditions, dont celle de porter en tout temps un bracelet de surveillance électronique.



 
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