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Le monument de la honte : des sculptures en hommage à des vétérans morts... toujours vivants!
Une des deux copies du monument «Presence in absence» censé représenté les profils de 67 militaires ayant perdu la vie en service. Photo Zach McGibbon/Quinte News
Raphaël Pirro
Mercredi, 4 décembre 2024 00:00
OTTAWA | Une nouvelle œuvre pour honorer des militaires morts au combat contient une erreur monumentale: non seulement la plupart ne sont pas décédés au front, mais une poignée d’entre eux sont bien en vie, comme le général Roméo Dallaire.
La capitaine québécoise à la retraite Hélène Le Scelleur est révoltée. Bien vivante au bout du fil, l’ancienne militaire apparaît sur ce monument cylindrique en bronze intitulé Presence in absence (Présence dans l’absence).
L'ancienne capitaine Hélène Le Scelleur lors de son déploiement en Afghanistan. Toujours bien en vie, elle fait partie des 67 profils qui apparaissent sur le monument en l'honneur de soldats morts en service. Photo fournie par Hélène Le Scelleur
«C’est incroyable. [...] Non seulement je suis gênée d’avoir mon nom associé à ça parce que je ne suis vraiment pas morte, mais ça me met en colère pour tous ceux qui ont perdu la vie en service», dit-elle en entrevue.
Deux copies du monument Presence in absence ont été installées dans ces deux villages avec une plaque pour saluer «une poignée de membres héroïques des Forces armées canadiennes qui ont fait le sacrifice ultime pour la sécurité de notre pays et de ceux qui sont dans le besoin partout dans le monde».
Le détail du processus artistique en trois images. Photo fournie par Luc Désilets
Or, parmi les 67 militaires dont le profil est immortalisé dans le bronze, seulement une vingtaine ont fait le «sacrifice ultime», quatre n’ont même jamais porté l’uniforme et douze sont encore bien vivants.
«Il y a eu une immense irrégularité dans tout ce processus-là. Qui a choisi ces noms-là? Comment? Quel est le processus de vérification? Ça fait très boboche», dit Hélène Le Scelleur, récemment alertée par son amie Lee-Anne Quinn, une ancienne lieutenante-colonelle qui y figure également.
L’ancien lieutenant-général Roméo Dallaire n’a pas voulu commenter.
Les profils des 67 militaires ainsi que les noms correspondants comme représentés sur la sculpture. Seuls 20 des soldats nommés sont morts en service, alors que 12 sont encore vivants et quatre n'ont jamais porté l'uniforme. Photo courtoisie
«Même les familles des vingt personnes qui ont été correctement nommées sur le monument ne semblent pas avoir été avisées. Je trouve que c’est un manque de respect énorme», dit la vétérane.
Déployée en ex-Yougoslavie et en Afghanistan avant de travailler aux côtés de la gouverneure générale, elle a connu des soldats qui ont perdu la vie et qui auraient pu mériter l’honneur à sa place, soutient-elle.
«C’est une erreur majeure, je pense, et la demande serait évidemment que des excuses soient présentées à ces gens-là», a-t-il lancé à la ministre fédérale des Anciens combattants, Ginette Petitpas Taylor, qui a promis de faire la lumière.
Un sous-ministre a dit avoir reçu «quelques plaintes» en lien avec cette histoire et a pris contact avec les organisations responsables de l’œuvre.
La plaque commémorative qui accompagne le monument en bronze. Elle explique que l'œuvre est faite pour saluer «une poignée de membres héroïques des Forces armées canadiennes qui ont fait le sacrifice ultime pour la sécurité de notre pays et de ceux qui sont dans le besoin partout dans le monde». Photo Zach McGibbon/Quinte News
Parmi les 67 militaires dont le profil est immortalisé dans le bronze, seulement une vingtaine sont morts en service, quatre n’ont jamais porté l’uniforme et douze sont encore bien vivants
Une des deux copies du monument «Presence in absence» censé représenté les profils de 67 militaires ayant perdu la vie en service. Photo Zach McGibbon/Quinte News
Raphaël Pirro
Mercredi, 4 décembre 2024 00:00
OTTAWA | Une nouvelle œuvre pour honorer des militaires morts au combat contient une erreur monumentale: non seulement la plupart ne sont pas décédés au front, mais une poignée d’entre eux sont bien en vie, comme le général Roméo Dallaire.
La capitaine québécoise à la retraite Hélène Le Scelleur est révoltée. Bien vivante au bout du fil, l’ancienne militaire apparaît sur ce monument cylindrique en bronze intitulé Presence in absence (Présence dans l’absence).
L'ancienne capitaine Hélène Le Scelleur lors de son déploiement en Afghanistan. Toujours bien en vie, elle fait partie des 67 profils qui apparaissent sur le monument en l'honneur de soldats morts en service. Photo fournie par Hélène Le Scelleur
«C’est incroyable. [...] Non seulement je suis gênée d’avoir mon nom associé à ça parce que je ne suis vraiment pas morte, mais ça me met en colère pour tous ceux qui ont perdu la vie en service», dit-elle en entrevue.
Le «sacrifice ultime»
Le ministère des Anciens combattants a fourni 3M$ pour la réalisation du projet de 10M$ nommé l’«Autoroute des héros», qui a permis de planter 2,5 millions d’arbres en l’honneur de militaires sur le tronçon de l’autoroute 401 reliant la base de Trenton à Port Hope, en Ontario.Deux copies du monument Presence in absence ont été installées dans ces deux villages avec une plaque pour saluer «une poignée de membres héroïques des Forces armées canadiennes qui ont fait le sacrifice ultime pour la sécurité de notre pays et de ceux qui sont dans le besoin partout dans le monde».
Le détail du processus artistique en trois images. Photo fournie par Luc Désilets
Or, parmi les 67 militaires dont le profil est immortalisé dans le bronze, seulement une vingtaine ont fait le «sacrifice ultime», quatre n’ont même jamais porté l’uniforme et douze sont encore bien vivants.
«Il y a eu une immense irrégularité dans tout ce processus-là. Qui a choisi ces noms-là? Comment? Quel est le processus de vérification? Ça fait très boboche», dit Hélène Le Scelleur, récemment alertée par son amie Lee-Anne Quinn, une ancienne lieutenante-colonelle qui y figure également.
L’ancien lieutenant-général Roméo Dallaire n’a pas voulu commenter.
Les profils des 67 militaires ainsi que les noms correspondants comme représentés sur la sculpture. Seuls 20 des soldats nommés sont morts en service, alors que 12 sont encore vivants et quatre n'ont jamais porté l'uniforme. Photo courtoisie
Le «déshonneur» ultime
Personne parmi les militaires et les politiciens présents à l’inauguration en novembre 2022 n’a souligné la faute. Et ni Hélène Le Scelleur ni les autres morts-vivants qu’elle connaît n’ont été invités ni même informés de l’initiative à l’époque.«Même les familles des vingt personnes qui ont été correctement nommées sur le monument ne semblent pas avoir été avisées. Je trouve que c’est un manque de respect énorme», dit la vétérane.
Déployée en ex-Yougoslavie et en Afghanistan avant de travailler aux côtés de la gouverneure générale, elle a connu des soldats qui ont perdu la vie et qui auraient pu mériter l’honneur à sa place, soutient-elle.
Ottawa promet de faire la lumière
Le député bloquiste Luc Desilets s’est saisi du dossier. Au comité parlementaire des Anciens combattants lundi, il a fait état de la «frustration des vétéranes» après avoir creusé le dossier dans les dernières semaines. Il exige une reddition de comptes.«C’est une erreur majeure, je pense, et la demande serait évidemment que des excuses soient présentées à ces gens-là», a-t-il lancé à la ministre fédérale des Anciens combattants, Ginette Petitpas Taylor, qui a promis de faire la lumière.
Un sous-ministre a dit avoir reçu «quelques plaintes» en lien avec cette histoire et a pris contact avec les organisations responsables de l’œuvre.
La plaque commémorative qui accompagne le monument en bronze. Elle explique que l'œuvre est faite pour saluer «une poignée de membres héroïques des Forces armées canadiennes qui ont fait le sacrifice ultime pour la sécurité de notre pays et de ceux qui sont dans le besoin partout dans le monde». Photo Zach McGibbon/Quinte News